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La biodiversité urbaine

Publié le 25 juillet 2016 dans Biodiversité urbaine
La biodiversité urbaine

De nos jours, les services écosystémiques ne sont pas encore pleinement intégrés dans la conscience collective et les espaces verts des villes sont bien trop souvent perçus comme des espaces à seul but récréatif. Pour autant, le besoin d’adopter des politiques de gestion des espaces verts  qui prendraient en considération les enjeux écologiques se fait de plus en plus ressentir.

Alors que près de 80% de la population française vit en ville,  la présence d’espace de nature dans nos villes devient une question de santé publique et de qualité de vie. Au-delà des espaces récréatifs et de détente qu’ils peuvent susciter, ces espaces fournissent ainsi de nombreux services : régulation de microclimat (ombrage, diminution de la température), captage de particules fines polluantes, diminution des nuisances sonores, etc.

Dans certaines communes, les espèces sauvages sont progressivement intégrées dans l’aménagement urbain et de nombreux dispositifs commencent à prendre place pour favoriser cette biodiversité. Mesure symbolique (et utile) d’une démarche plus portée sur le respect de la nature en ville, l’objectif zéro pesticide, qui s’étend dans les communes franciliennes depuis plusieurs années. La promulgation de la loi sur la transition énergétique étendra cette démarche dans l’ensemble des espaces publics à compter du 1er janvier 2017.

Sur le territoire de l’ANVL, plusieurs exemples mettent en relief ces initiatives positives : des communes, comme celle de Fontainebleau, ont commencé à se diriger vers une conception et une gestion écologiques des cimetières. En maîtrisant la quantité de produits phytosanitaires,  en remplaçant les zones de sols nus par des zones enherbées, soit de manière spontanée ou semée, les cimetières deviennent des lieux où des espèces sauvages peuvent trouver leur place. L’aspect complètement végétalisé apporte une plus-value esthétique, les « mauvaises herbes » mal vues étant masquées, mais aussi un atout pour la biodiversité.

L’architecture peut également stimuler cette biodiversité urbaine : la végétalisation des murs et des toits horizontaux peut permettre de servir de refuge aux oiseaux et aux insectes. Dans une certaine mesure, ce type de procédé peut favoriser la venue de pollinisateurs réduire les sons de la ville et servir de régulateur thermique permettant de faire des économies en toute saison. Alliant esthétisme, intérêt écologique et éducation environnementale, les hôtels à insectes sont également prisés par de nombreuses communes comme Saint-Fargeau Ponthierry. Ces structures favorisent l’installation d’insectes comme les coccinelles, les chrysopes, les osmies (petites abeilles solitaires) et bien d’autres encore. En plus d’aider à la pollinisation ou à lutter contre les pucerons, la présence de ces insectes favorise la biodiversité et permet de rétablir l’équilibre de la chaîne alimentaire.

Hôtel à insecte

Hôtel à insecte – sources : pixabay.fr licence cc0

Par ailleurs, les ponts sont des points de départ idéaux pour les colonies de chauve-souris qui se nourrissent d’insectes souvent présents aux abords des fleuves. Installer des gîtes pour les accueillir est une solution idéale pour assurer le maintien des colonies. Ces gîtes peuvent aussi être installés sur vos maisons avec de préférence une orientation sud-est et de l’espace de vol aux alentours.

Chauve souris au repos sous un pont

Chauve souris au repos sous un pont – sources : pixabay.fr licence cc0

Le choix des essences végétales locales dans nos jardins ont un rôle primordial afin de stimuler la nature dans nos villes. Ainsi, si vous possédez un carré vert, où des haies sont nécessaires, ne plantez pas de thuyas. Ces arbustes étouffent toutes opportunités pour le reste de la végétation de s’installer. En favorisant les haies champêtres constituées d’espèces à croissance lente comme : le fusain (Euonymus europaeus), l’argousier (Hippophaë rhamnoides), le chèvrefeuille (Lonicera xylosteum), le prunellier (Prunus spinosa), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) ou l’aubépine (Crataegus sp.), vous permettrez non seulement aux insectes, oiseaux et plantes sauvages de venir s’installer, mais en plus elles vous feront profiter de leurs fleurs et de leurs parfums. Il faut bien sûr ne pas planter de plantes invasives malheureusement encore vendues en jardinerie. N’hésitez pas à vous adresser à une association naturaliste pour savoir, lesquelles sont à éviter.

La LPO a créé un système de labellisation pour favoriser la présence de petits passereaux dans les zones urbaines comme les mésanges et fauvettes mais plus largement la biodiversité. Un refuge LPO est un terrain public (ex : espace vert) ou privé (jardin, cour, terrasse, balcon…) sur lequel le propriétaire s’engage moralement à préserver ou à restaurer la biodiversité de proximité. Ce système « Refuge LPO » n’est pas contraignant et demande juste, comme abordé précédemment, d’installer des haies, de réduire (voir idéalement supprimer) les produits phytosanitaires, d’essayer d’avoir des gestes écocitoyens et enfin d’interdire la chasse sur son terrain.

birdhouse

Cabane à oiseau – sources : pixabay.fr licence cc0

La faune domestique peut aussi représenter un atout pour la biodiversité urbaine. Les abeilles domestiques en polonisant les plantes sauvages et horticoles permettent de maintenir une belle diversité floristique. De plus l’intensification des pratiques agricoles et des pesticides pousse certains apiculteurs à se tourner vers nos villes pour faire vivre leurs ruches et produire leur miel. Certes, les abeilles ont toujours plus ou moins fréquenté les villes, mais leur miel n’était pas ou peu récolté. Si les ruches du Parc du Luxembourg sont installées depuis 1856, de nombreuses autres ont trouvé leur place dans nos villes jusqu’au toit de l’Opéra de Paris. Ces ruchers produisent du miel en plus grande quantité et de meilleur qualité que dans la campagne notamment grâce au tilleul souvent utilisé comme arbre d’ornement le long des avenues.

Au final, les dispositifs ne manquent pas pour réintroduire de la nature dans nos villes. Il appartient ainsi aux collectivités, mais également à chaque citoyen, de stimuler cette nature sauvage par de petits ajustements, qui à grande échelle, peuvent avoir un effet bénéfique sur la faune et la flore.